Rassemblement à République tendu
Pendant que certaines jeunes parisiennes boivent du matcha en terrasse et savourent leur cake au matcha, dernière tendance, tout en parlant de leurs mamans et de leurs amoureux, d’autres jeunes parisiennes scandent pendant des heures des slogans pour dénoncer les bombardements à Gaza.
Des manifestants nassés rue Faubourg du Temple
La manifestation parisienne en soutien aux Palestiniens a été interdite comme dans de nombreuses villes en France. Malgré tout, les manifestants et manifestantes (nombreuses) se regroupent sur la place de la République et c’est alors un jeu de pistes avec les CRS pendant près de 3h. Car pendant qu’un petit groupe est nassé (encerclé rue du temple) d’autres manifestants sont quant à eux laissés sur la place. Les CRS ne veulent pas que les manifestants soient rassemblés et les intimident pour vider la place. Les voix continuent de scander interminablement. Une jeune femme est évacuée de la nasse, elle est en pleine crise d’épilepsie. La tension est palpable tout au long de ce rassemblement interdit.
Les CRS chassent les manifestants de la Place
Les manifestants ne cessent de tenter de se regrouper et c’est sur la voie qu’ils finissent à chaque fois qu’il faut s’extirper de la place pour ne pas être nassé ou verbaliser. Les journalistes sur place sont rares, quelques uns sont prudents et restent en dehors de la nasse. Un journaliste est interpelé.
Il est difficile pour moi qui ai souvent filmé des manifestations de comprendre où veulent en venir les CRS à empêcher les personnes qui se rassemblent d’être ensemble. Soit ils nous nassent, journalistes compris, soit ils séparent les personnes présentes sur la place. C’est très impressionnant et difficile de tenter de s’extraire aux ordres des CRS malgré ma carte de presse. Je vois au loin des personnes se faire interpeler et extraire du rassemblement. On me refuse l’accès. Mais sans insister je contourne la file de CRS et je retente le coup pour sortir de la nasse. L’un refuse, je montre ma carte, un autre lui dit « laisse la passer » et c’est ainsi pendant toute l’après midi.
Un journaliste arrêté !
Je contourne plusieurs fois la place pour m’apercevoir que quelques personnes ont choisi de rester à la terrasse d’un café, ils semblent très meurtris, une femme les rejoint et pleure. Je comprends que ce sont des Palestiniens. Une jeune femme m’aborde et me parle de ses amis à Naplouse pour qui elle est inquiète. Une vielle dame m’aborde pour me dire la Palestine n’existe pas. C’est la jeune femme qui tente de lui expliquer la situation. Je continue à observer autour de moi. Le temps passe et pourtant les voix qui continuent de scander des slogans sont de plus en plus fortes et ce sont surtout celles de jeunes femmes. Un CRS vient me demander de partir.
Paris gronde.
J’apprends plus tard que le Louvre ainsi que le Château de Versailles sont évacués. Je prends le métro et la circulation est perturbée par des personnes sur la voie. J’apprends également que 243 personnes ont été verbalisées à raison de 135 EUR par personne, que les manifestants aux regards des témoignages vidéos ont été exfiltrées d’une manière musclées. Les jeunes femmes, nombreuses dans ce rassemblement, ont bravé les gros muscles des CRS et leur armada. Pendant ce temps à Londres les manifestants défilent sans problème, le monde arabe est également descendu dans la rue dire sa désapprobation des attaques contre les civils palestiniens. La France quant à elle a choisi de soutenir Israël sans condition et met sa sécurité intérieure en danger. Il y a déjà eu un mort dans un lycée à Arras, un enseignant a été tué par un ancien élève Tchétchène (un sans papiers alors qu’il est en France depuis l’âge de 14 ans). Son frère est en garde à vue. A Marseille également une attaque au couteau a été déjouée. Les médias font les liens entre ce qui se passe à Gaza et ces évènements. Les Français et Françaises qui se rassemblent pacifiquement dénoncent également les amalgames dont ils font les frais.
R.B.E
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