un film documentaire essentiel de Raphaël Grisey et Bouba Touré
Synopsis
À partir d’archives rares, l’aventure exemplaire de Somankidi Coura – coopérative agricole fondée au Mali, en 1977, par des travailleurs immigrés d’Afrique de l’Ouest vivant en France dans des foyers – met en lumière les violences de l’agriculture coloniale et les enjeux écologiques sur le continent Africain aujourd’hui.
Un film de montage d’archives
Questionner la mémoire en utilisant des archives est un procédé assez courant. Dans les Voies Croisées le choix est immense. D’abord parce qu’il s’agit d’archives personnelles de Bouba Touré qui infatigable a glané des images en tant qu’amateur durant un laps de temps colossal. On y voit la France des années 70 à aujourd’hui avec le mouvement ouvrier et les sans papiers. Le montage est très libre, il fait des allers-retours dépliant ainsi thématique après thématique, et dévoilant plusieurs pistes de lecture. Les idées fusent les unes après les autres jusqu’à la fin pour qu’enfin nous arrivons à un résultat : le film.
La thématique de la culture agricole
C’est un chantier en soi dans ce film à plusieurs vitesses et à plusieurs tiroirs. L’agriculture est un sujet qui est dévoilé au fur et à mesure et ce n’est pourtant pas l’essentiel. Le film nous raconte bien plus de choses. Par exemple, nous découvrons l’importance d’une radio rurale dans l’expérience que ces ouvriers immigrés Maliens tentent sur les bords du fleuve Sénégal. La radio raconte cette aventure quotidiennement. Plusieurs formats d’images d’archives sont utilisées même si certaines ne sont pas de bonne qualité, car l’importance est de raconter cette histoire depuis ses début jusqu’à aujourd’hui. Du format 16/9ème 4/3 au format des téléphones portables… l’impression de quantité est fulgurante surtout lorsque nous entrons dans la chambre du protagoniste qui raconte l’histoire et que nous voyons les étagères, les cartons pleins de cassettes vidéo. Nous sommes invités à constater l’importance de cette mémoire commune.
L’utilité de la main d’oeuvre
Ce n’est plus vraiment la mode de faire des films sur les ouvriers et leur monde. On est plus habitué à des films sur les migrants sans questionner plus longuement l’histoire qui va avec, ou le lien colonial entre l’Afrique et les pays occidentaux. Les voies croisées c’est bien celles de toutes les traces des exilés loin de chez eux vivant dans des conditions inhumaines. Les voies sont plurielles, les sillons sont tracés et le passé et le présent s’intercalent. Tout se fabriquent dans une grande solidarité et dans l’intérêt général.
`L’immigration et les conditions de vie
Le film ne dénonce pas il rapporte, il remarque, il sonde l’histoire de l’immigration et ses conditions. Comme si toutes ces archives accumulées ont pour sens ces voies ou ces voix. Toutes ces vies passées à travailler et à accepter le manque de dignité puis s’apercevoir que d’autres voies sont possibles.
R.B.E
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