Raoul Peck ne cesse de questionner le passé
La présence d’Ernest Cole ?
L’Afrique du sud est le pays où l’apartheid a été violent et enraciné. Ernest Cole, malgré les risques qu’il prenait, n’a cessé de clichés en clichés d’immortaliser son quotidien et celui de nombreux Sud Africains. Raoul Peck a décidé de faire parler Cole à la 1ère personne. Et c’est ainsi que nous découvrons les photos avec une voix-off censée être celle d’Ernest Cole. Par moment, des clichés nous montrent Cole en train de photographier pour dénoncer l’Apartheid, par sa présence et malgré le risque de se faire arrêter à tout moment. Tout prend vie dans ce documentaire grâce à ce dispositif de narration.
Raoul Peck nous montre une époque violente, le traitement inhumain de la population noire en Afrique du Sud par les blancs et l’administration de tout un pays qui privilégie les blancs.
Le rêve américain et l’exil
Cole quitte son pays pour le rêve américain. Un rêve qui ne peut l’éloigner des réalités des Noirs Américains et de leur quotidien. Il saisit la similitude avec son propre pays, Il se questionne, il se positionne encore grâce à son art photographique. Incompris tant ses photos rappellent celles des conditions des Sud Africains, les américains vont montrer leur insatisfaction face à ce grand talent. Alors de plus en plus la douleur l’exil va faire sa place chez Cole, le mal du pays ne va plus jamais le quitter. Ernest Cole va plonger de plus en plus dans l’anonymat et l’oubli car ses photos ne cessent de rappeler l’apartheid alors qu’il photographie les Noirs Américains.
La fuite
Ses voyages en Europe vont lui permettre de vivre de son art, lui qui parce qu’il a été publié a perdu sa nationalité sud africaine, apatride parce qu’il ne supportait plus les injustices et que son seul tord était de montrer, preuve à l’appui, cet apartheid.
De I’m not your Negro à Ernest Cole
Raoul Peck ne cesse, lui non plus, de montrer les injustices à travers le documentaire grand écran qu’il maîtrise avec talent. Après son magnifique film I’m not your negro, il continue de dénoncer lui aussi l’apartheid ici avec Ernest Cole, le photographe.
Déjà dans I’m not your negro, la narration était libre et différente de ce qu’on avait l’habitude de voir. C’est ainsi que Raoul Peck raconte. Il déroule le récit revenant sans cesse et tournant autour de ce qui fera le récit. L’histoire se construit comme une boule de neige, de détails en détails et il n’a pas peur de ce qui semble revenir comme une ritournelle pour faire avancer son histoire. La narration à la première personne encore et toujours pour subjectiver le récit et faire que le spectateur entre dans la confidence.
Quelle patience ! Quelle démonstration ! C’est qu’Ernest Cole le mérite ! Car comment expliquer que des photos non développées, ainsi que des carnets personnels, aient été mystérieusement gardés dans un coffre à Stockholm où séjourna Cole ? Personne n’en sait plus ! Il ne s’agissait pas seulement de photos artistiques, c’était des images parlantes même si elles n’étaient pas animées. Et grâce à la notoriété de Raoul Peck ces images revivent. Elles reviennent en Afrique du Sud, chez cet apatride.
Cole a toujours cru et dit que ses photos auront un sens plus tard quand l’Afrique du sud sera libre. Il y a cru, il l’a fait et aujourd’hui même si les conditions de vie des Africains du Sud sont difficiles, les photos de Cole sont chez lui.
R.B.E
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